dimanche 5 juin 2011

"Les soldats sont là, perce un tonneau"

Quatre heures du matin, rue du 18 Octobre,
mes trois compagnons ralentissent pour me souhaiter une bonne nuit et repartent aussitôt vers leur lit respectif.
Moi, profitant de l'air frais et des derniers instants d'obscurité, j'avance tranquillement sur ma bécane, grinçante.

J'ai cru apercevoir une ombre, sur le trottoir opposé; ainsi, rejetant un coup d'oeil, je vois un bonhomme cherchant l'équilibre entre chacun de ses pas. J'avance d'encore quelques mètres, puis me retourne... plus personne. Je scrute, et distingue un masse étalée dans l'herbe. Encore l'oeuvre macabre de l'attraction terrestre, me dis-je.
Ne distinguant aucune trace de consommation abusive de concombre, je m'approche de l'être dormant et lui demande si je peux l'aider. Se redressant, il me sourit largement et me dit "c'est très gentil, je suis com-plè-te-ment saoul". Ici, si la précision n'était pas indispensable, elle dévoilait, au moins, l'honnêteté de la personne.

Bras d'sus, bras d'sous, nous serpentons, donc, en direction de la maison parentale. Sur la route, me parlant tantôt français, tantôt anglais et tantôt allemand, il me raconte ses vacances en France et séquence ses propos par des "sorry sorry sorry", chaque fois que ses pas aléatoires nous font dériver du chemin.

Après 15 minutes de marche, les 150 mètres qui nous séparaient de sa porte d'entrée, ont été parcourus et nous nous asseyons sur le perron. Il fume une cigarette et m'explique pourquoi il se doit de parler anglais couramment: Monsieur est militaire.
De mon côté, n'étant plus vraiment étonné d'entendre des Allemands parler anglais, l'information m'éclaire sur une toute autre chose: 'comment peut-il encore parler et marcher quand, quelques minutes plus tôt, il s'endormait sur un trottoir?'.

La communication, compliquée au départ, s'améliore au fil des cigarettes, et c'est après la quatrième que nous nous séparons, le jour s'étant levé.

En rentrant, je repense à la discussion et résume: les soldats français sont des gens sympathiques qui tiennent très bien l'alcool*.
Mais plus sérieusement: les militaires européens se battent côte à côte pour les mêmes causes: la sécurité Nationale et Européenne, la lutte pour la démocratie dans tous les pays (en Afghanistan, notamment), et le surpassement définitif des Etats-Unis. Enfin, le racisme est bien présent dans ce milieu, mais s'il est commun dans les "bas rangs", son intensité diminue fortement pour les supérieurs.

Comme toujours, la discussion ouvre des pistes et ce pour, chaque fois, avancer un peu plus dans ses réflexions.

J'aurai donc probablement la chance, lors de la prochaine permission de Martin (lequel n'est point Mormon), d'aller boire "du vin rouge" avec une bande de militaires allemands.
Ah ! Les voyages...


* Bloquons la circulaire de la Direction Centrale de la Police: si même nos CRS se mettent à la tisane, on va se foutre de nous, en Europe !

2 commentaires:

  1. Je dois dire que l'Allemagne t'es très bénéfique mon très cher Olifeur, voilà qu'après avoir toléré une discussion avec des mormons tu risques que passer une soirée avec des militaires, chapeau! (ou pas en fait je réalise, tu ferais peut-être bien de rentrer..)
    Ceci dit, j'ai déjà passer une soirée avec un pote de Raph militaire et en plus de très bien tenir l'alcool ce margoulin était plutôt hilarant. En tout cas rien de mieux que de finir une soirée avec une rencontre aléatoire que l'on sauve de la rosée et accessoirement d'une rhinopharyngite: le social paye, plutôt ironique..

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  2. http://www.youtube.com/watch?v=6AWr3HPXagQ&feature=related miam

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