samedi 25 juin 2011

Même pas chiche!

Discussion hilarante à laquelle j'ai pu assister hier soir, vers 1h du matin, dans un parc:


- Non, mais écoute, mec, y'a aucun risque: toi t'as juste à choper l'bordel et moi je m'occupe du reste!

- Mais qu'est ce que tu veux en faire? Même en pharmacie c'est facile de trouver du matériel.

- OK, mais ça c'est pour des p'tits trucs; moi j'veux des choses un peu plus grosses; de quoi faire un bon pétard, quoi!

Le second se marre,
- Ah, ben pour ça, il faut partir dans l'uranium, alors...

- Je sais pas, mec, c'est toi l'chimiste! J'te dis, toi tu me trouves les produits et moi je bricole le machin.

- Là, c'est dans les lanthanides qu'il faut chercher, c'est sûr; avec ça, t'as le quartier qui part, tu peux en être sûr!

- Ouai, ouai, mec, mais tranquille: je vise pas le quartier, moi, je veux juste un bâtiment, tu vois? J'ai pas envie de faire sauter des gens, c'est juste pour le symbole, tu vois?

- De toute façon, y'en a pas, au labo, c'est trop dangereux. Y'a plein de produits mais ça dépend de ce que tu veux.

- J'te dis, moi j'y connais rien, j'veux juste faire péter un truc.

- Mais j'aurai quoi en échange?

Offensé, l'activiste en herbe hausse le ton:
- Comment ça, tu auras quoi? Tout de suite, le fric! C'est pas possible, ça... moi j'te parle de mes idées, je m'en fouts du fric! Et puis, c'est juste un service rendu à un ami.

- Je veux bien mais moi j'ai besoin de tunes! J'ai toujours pas payé mon loyer pour Juin, j'suis dans la merde.

- Ben... j'sais pas moi... t'as besoin de combien?

- 200.

- 200? Ouai ça peut s'trouver, ouai...
Bon, mais mettons que j'te les trouve, j'veux un truc qui marche, hein?!

- ... mais je sais pas ce qui marche, moi.

- C'est toi, le chimiste! Vous apprenez bien des trucs, en cours, non?

- Ils nous apprennent pas ça, ils sont pas fous. Et puis de toute façon, je suis nul pour voler.

- Comment ça, t'es nul? T'as bien déjà volé du jambon à Carrefour, non?

- Ouai mais j'me suis fait choper...

L'autre éclate de rire,
- Ah ouai, je vois le type...

Puis le cambrioleur ajoute:
- Je me suis même déjà fait prendre en voulant carotter une langue de chat; le vendeur m'a dit : << Monsieur, qu'est-ce-que vous faites, là? >>
Et puis si j'me fait attraper... j'ai envie de finir mes études, moi!

- Mais tu vas pas t'faire prendre! De toute façon, si quelqu'un tombe, c'est moi, c'est pas toi!

- Non, désolé, mais c'est trop risqué, j'peux pas...

- Pfff...
Il tend sa bière,
- Bon, 'santé', en tout cas...

- Ouai, 'santé'!

dimanche 5 juin 2011

"Les soldats sont là, perce un tonneau"

Quatre heures du matin, rue du 18 Octobre,
mes trois compagnons ralentissent pour me souhaiter une bonne nuit et repartent aussitôt vers leur lit respectif.
Moi, profitant de l'air frais et des derniers instants d'obscurité, j'avance tranquillement sur ma bécane, grinçante.

J'ai cru apercevoir une ombre, sur le trottoir opposé; ainsi, rejetant un coup d'oeil, je vois un bonhomme cherchant l'équilibre entre chacun de ses pas. J'avance d'encore quelques mètres, puis me retourne... plus personne. Je scrute, et distingue un masse étalée dans l'herbe. Encore l'oeuvre macabre de l'attraction terrestre, me dis-je.
Ne distinguant aucune trace de consommation abusive de concombre, je m'approche de l'être dormant et lui demande si je peux l'aider. Se redressant, il me sourit largement et me dit "c'est très gentil, je suis com-plè-te-ment saoul". Ici, si la précision n'était pas indispensable, elle dévoilait, au moins, l'honnêteté de la personne.

Bras d'sus, bras d'sous, nous serpentons, donc, en direction de la maison parentale. Sur la route, me parlant tantôt français, tantôt anglais et tantôt allemand, il me raconte ses vacances en France et séquence ses propos par des "sorry sorry sorry", chaque fois que ses pas aléatoires nous font dériver du chemin.

Après 15 minutes de marche, les 150 mètres qui nous séparaient de sa porte d'entrée, ont été parcourus et nous nous asseyons sur le perron. Il fume une cigarette et m'explique pourquoi il se doit de parler anglais couramment: Monsieur est militaire.
De mon côté, n'étant plus vraiment étonné d'entendre des Allemands parler anglais, l'information m'éclaire sur une toute autre chose: 'comment peut-il encore parler et marcher quand, quelques minutes plus tôt, il s'endormait sur un trottoir?'.

La communication, compliquée au départ, s'améliore au fil des cigarettes, et c'est après la quatrième que nous nous séparons, le jour s'étant levé.

En rentrant, je repense à la discussion et résume: les soldats français sont des gens sympathiques qui tiennent très bien l'alcool*.
Mais plus sérieusement: les militaires européens se battent côte à côte pour les mêmes causes: la sécurité Nationale et Européenne, la lutte pour la démocratie dans tous les pays (en Afghanistan, notamment), et le surpassement définitif des Etats-Unis. Enfin, le racisme est bien présent dans ce milieu, mais s'il est commun dans les "bas rangs", son intensité diminue fortement pour les supérieurs.

Comme toujours, la discussion ouvre des pistes et ce pour, chaque fois, avancer un peu plus dans ses réflexions.

J'aurai donc probablement la chance, lors de la prochaine permission de Martin (lequel n'est point Mormon), d'aller boire "du vin rouge" avec une bande de militaires allemands.
Ah ! Les voyages...


* Bloquons la circulaire de la Direction Centrale de la Police: si même nos CRS se mettent à la tisane, on va se foutre de nous, en Europe !